FREUDIN (Avril 2010) Traduite

Interview magazine « Freudin », du 7 avril 2010, réalisée par A. Schmiede.

Comme une impression d’être en famille.

L’acteur Florian David Fitz et l’ingénieur économique Sebastian Ascher formaient déjà, à l’époque des Scouts, une bonne équipe. Avec nous, ils parlent de la fraternité de sang, des expériences de serveur et l’attrait des hommes arrogants.

Beaucoup de collègues m’ont envié cette interview. Depuis qu’il a endossé le rôle du Dr Marc Meier dans la série culte « Doctor’s Diary », Florian David Fitz, 35 ans, a beaucoup de fans féminines. Heureusement, il est bien plus sympathique en shooting photo avec son pote Sebastian Ascher (35 ans, ingénieur économique à Munich) que le docteur cool et arrogant. Le 22 avril sort son nouveau film, pour lequel il a même écrit le scénario. Dans ce road-movie poignant, « Vincent will meer », il joue le rôle d’un jeune homme atteint du syndrome de La Tourette qui s’enfuit de la clinique, dans laquelle il a été placé par son père, avec deux autres patients, pour réaliser le dernier vœu de sa défunte mère.

Mr Fitz, d’habitude vous avez des rôles de mecs intelligents et briseurs de cœurs. Et là, vous incarnez Vincent, un gars qui souffre de tics obsessionnels compulsifs. Comment est-ce arrivé ?
Fitz : Le sujet me taraude depuis un petit bout de temps. J’avais un professeur qui avait de légers Tics moteurs et qui était très cool à ce sujet. Certains ont des formes plus graves du syndrome de Gilles de La Tourette et ils en souffrent beaucoup. Je voulais raconter comment une personne, sous de telles circonstances, pouvait parvenir à trouver la paix.

Comment avez-vous abordé le rôle ?
Fitz : Je voulais savoir ce que cela faisait lorsque les gens vous regardent (quand vous avez un handicap), alors j’ai pris le train de banlieue, à Munich et j’ai commencé à feindre des petits tics. Les gens n’ont même pas levé les yeux de leur journal.
Ascher : Il n’a même pas essayé de faire ça dans son cercle d’amis !

Mr Ascher, est-ce que, enfant, votre ami était déjà si créatif ?
Ascher : Oui, il a toujours été différent.

Que voulez-vous dire ?
Fitz : J’attirais toujours l’attention. Basti était plus à l’aise avec les gens. Il s’entendait avec tous, moi on m’aimait beaucoup – ou pas du tout.

Depuis quand êtes-vous amis ?
Ascher : Depuis que nous avons trois ans. Nous étions voisins.
Fitz : Moi j’avais une grosse boîte de Lego et lui une de Playmobil, alors c’était la pure compensation d’intérêts. Parfois, on passait des journées entières à jouer aux Lego. En y repensant, on a eu une enfance géniale.
Ascher : Oui mais tes parents sont fait beaucoup de souci également.

Comment cela ?
Fitz : Ils avaient peur que je sombre dans mon monde imaginaire et que je lutte pour en sortir. Alors j’ai dû aller chez les Scouts. Basti est venu. Il était aimé, j’étais brimé. C’était une école très dure.
Ascher : Mais Flo a une endurance incroyable. J’étais simplement conformiste, c’était peut-être plus facile.

Pouvons-nous voir ici une ressemblance avec le comportement social compliqué de Marc Meier ?
Fitz : J’aurais voulu être aussi cool que Marc Meier mais j’étais juste idiot. Mais j’ai souvent l’impression que les femmes veulent entendre que je suis comme lui. Ce rôle m’a vraiment dépassé : dans les retours que j’ai, le désir n’a jamais été aussi élevé !

Que voulez-vous dire ?
Fitz : Les nombreuses lettres d’amour qui lui sont adressées et qui atterrissent chez moi.

Pourquoi les femmes l’apprécient tant ?
Fitz : Vous me demandez ça à moi ? Parce qu’il est médecin-chef ? Parce qu’il a une gueule insolente ? Une collègue m’a dit une fois : « les femmes voient son côté sensible, elles veulent le sauver ». Mais désolé, moi je suis pas comme lui.

Et comment est-il alors, Mr Ascher ?
Ascher : Et bien, il est cynique et il fait aussi ses propres proverbes.
Fitz : Tiens donc ?
Ascher : Et il a un côté sensible. Sérieusement, c’est une personne très importante pour nous. Ma femme et moi avons deux enfants, il nous arrive toujours quelque chose. Flo est souvent le médiateur, c’est un bon conseiller. Il peut lui expliquer pourquoi je pense, comment je pense. Mais honnêtement, parler ainsi d’amitié, je trouve ça comique.

Pourquoi ?
Fitz : Parce que l’amitié est tellement évidente, naturelle. C’est comme avec la famille. Je ne me demande pas pourquoi je m’entends avec ma sœur. Avant, j’ai souhaité en avoir une autre à la place, surtout quand elle m’a enfermé dans la voiture avant de la faire descendre d’une colline, mais aujourd’hui je suis content qu’elle soit là. Et c’en est de même pour Basti. Il est là et c’est bon à savoir. Depuis que nous ne sommes plus des enfants, Basti ne m’a seulement dit qu’une fois que j’étais son meilleur ami. Ce jour-là, j’étais complètement bouleversé/comblé.
Ascher : C’était quand ça ?
Fitz : Quand tu m’as demandé si je voulais être ton témoin. Je pense d’ailleurs que je peux encore attendre longtemps de faire cette apparition, vu le temps que tu mets à te décider…

Selon vous, quelles qualités sont importantes chez les amis ?
Fitz : Pas tellement des qualités, plutôt un sentiment : est-ce que j’ai envie de passer mon temps avec cette personne ? Avec Basti, c’est le cas.

Y a-t-il de vraies amitiés dans votre métier ?
Fitz : Oui. Mais c’est souvent difficile pour les gens de se rapprocher sur un plateau en si peu de temps. Au début je pensais que j’avais des potes après chaque nouveau film. Mais seulement quelques relations arrivent à tenir.

Que faîtes-vous lorsque vous vous voyez à Munich, avez-vous des habitudes, rituels ?
Fitz : On fait la cuisine. Ou je passe chez lui après avoir promené le chien dans le parc.
Ascher : Et après Loki se dépêche d’aller dans la cuisine où les enfants pourraient laisser échapper quelques petits trucs. Ensuite Flo va sur le canapé. Là il se couche, mon amie Carola lui met une bouillotte sur les jambes et on regarde un film.

Est-ce que vous vous êtes un peu perdus de vue durant toutes ces années ?
Fitz : Oui, avant le Bac. Et pendant au moins dix ans, je pense.

Comment vous êtes-vous retrouvés ?
Ascher : Grâce à une amie. On était toujours sur la même longueur d’ondes, malgré nos expériences différentes. J’ai étudié, Flo est revenu de son école d’art dramatique aux USA. Etudes qu’il a d’ailleurs financées en travaillant en tant que serveur à la Maison de ventes aux enchères chez Christie’s. Il était plus souvent allumé par les clients. Raconte encore une fois.
Fitz : De temps en temps y avait une main qui se baladait sur mon derrière ou une offre explicite écrite sur un bout de papier glissé dans la poche. Mais en tant que serveur, vous savez comment vous pouvez vous venger… C’était vraiment génial là-bas mais je suis content d’être rentré, d’être avec des gens qui comptent beaucoup pour moi, avec qui je partage beaucoup. Mes amis sont la raison pour laquelle je n’habite pas à Berlin. Si je menace de déménager, Carole appelle aussitôt : « Tu ne peux pas faire ça ! ».

N’avez-vous pas envie de fonder une famille Mr Fitz ?
Fitz : Si, bien sûr.

Votre ami vous a-t-il aidé lors de votre dernière rupture ?
Fitz : Oui. Il m’a dit : « on n’y peut rien ». Que voulez-vous dire de plus ? Nous sommes tous les deux assez pragmatiques. En ce qui concerne l’amour, nous avons tous de grandes exigences aujourd’hui : ça doit toujours être le sexe le plus génial et les sentiments les plus profonds. Et on en parle constamment.

Vous pouvez apprendre d’un ami lorsqu’il s’agit d’une relation ?
Fitz : Encore une fois : pragmatisme. L’amour, c’est aussi céder – pourquoi se disputer si ça n’a pas nécessairement lieu d’être ? C’est comme ça que vit Basti. Et il a toujours trois longueurs d’avance, quand Carola et moi discutons d’une excursion à faire et qu’il ne veut pas prendre parti. Cette tactique a quelque chose de bon, la vie est plus tranquille. D’un autre côté, Basti pourrait plus souvent donner son avis. Il y échappe volontiers.

Qu’est-ce que Florian pourrez apprendre de vous Mr Ascher ?
Ascher : Flo dit toujours que j’étais un incroyable brocanteur bavarois pour les marchands. Je sais bien gérer l’argent.
Fitz : Basti est un vrai trafiquant qui adore faire des affaires. Quand il était petit, il vendait ses figurines de chevaliers Jedi et il faisait du profit.

Vous rappelez-vous du meilleur moment que vous avez-vous ensemble ?
Ascher : Plein de petites choses. Quand on prenait le petit-déj chez Flo : Nutella et Smacks (céréales). Mes parents nous servaient toujours du pain complet, seulement.
Fitz : Dans les assiettes marron ! Basti a grandi de manière beaucoup plus saine, dans une famille de médecins – mais n’a pas mieux vieilli.
Ascher : Et puis il y a eu les frères de sang…
Fitz : Hé, de beaux moments ! Nous avions vu Winnetou (Indien Apache imaginé par le romancier allemand Karl May) et du coup on voulait aussi devenir frères de sang. Basti avait un couteau avec lequel il s’était piqué le doigt – et une goutte de sang avait à peine coulé.
Ascher : J’étais un froussard. Flo l’a fait glissé violemment sur son doigt. Tchak ! Le bout était presque parti. Il a encore la cicatrice aujourd’hui.
Fitz : On a fini la cérémonie assez grossièrement. Ensuite, j’ai dû aller me faire recoudre.

En parlant de ça : en tant que fils de médecin, trouvez-vous que Florian est un bon docteur, Mr Ascher ?
Fitz : Je me suis entrainé à faire des points de suture sur un oreiller ! Maintenant il ressemble à Frankenstein.
Ascher : Je le trouve super en Marc Meier.

Et s’il y a quelque chose qui ne vous plaît pas ?
Fitz : … Il ne dit rien. Alors tout est aussi clair.