Interview Corinth Releasing - Vincent Will Meer (Traduit)

Comment un acteur plutôt occupé a-t-il l'opportunité d'écrire un scénario ? Vous n’aviez pas assez de boulot ?
A ce moment-là, oui. Durant l’hiver, il y a toujours de longues périodes sans travail, ce qui est relativement normal. Deux semaines de ça et mes doigts me démangent. D’un autre côté, je pensais, assez égoïstement : j’aimerais vraiment écrire quelque chose que je serais capable de jouer par la suite.

Qu’est-ce qui vous a donné l’idée du syndrome de La Tourette ?
Quand j’étais à l’école d’art dramatique à Boston, j’avais un professeur atteint du syndrome. Il n’avait pas de tics vocaux trop sévères mais plutôt des tics moteurs. Il s’est mis face à la classe et nous a dit d’un ton neutre : « Et bien les enfants, j’ai le syndrome de La Tourette. Si je fais ou dis des choses stupides, sachez que ce n’est pas personnel ». Au début, vous y prêtez beaucoup attention, évidemment, mais en fait on s’y habitue plutôt vite.

A la fin du film, est-ce que la prise de conscience survient, que l’acceptation est quelque chose pour laquelle on se bat d’abord pour soi-même ?
L’erreur de Vincent est, je pense, que dès le début, il veut que les autres luttent pour son acceptation. Ce que sa mère a laissé, ce que son père veut. Peu importe s’il le défie – il se définit toujours par l’opposition à son père – ou s’il veut faire quelque chose pour sa mère. C’est ce que nous faisons tous. On essaye d’être « aimé » par d’autres personnes. La simple vérité qu’il reste à la fin c’est que vous devez d’abord apprendre à être en paix avec vous-même avant d’être capable d’aimer quelqu’un d’autre. C’est ce que Vincent doit apprendre, concernant Marie.

Parce qu’elle est dans le déni des problèmes…
Ça ne fonctionne simplement pas comme ça. Et c’était la seconde idée de base : quelle est la plus mature des décisions que peut prendre une personne ? J’avais connaissance d’un cas parmi ma famille, la mère était alcoolique. A un certain point, sa fille a été forcée de dire : je dois la laisser partir. Qu’elle veuille se saouler jusqu’à en mourir ou qu’elle veuille vivre : c’est sa décision. Avec les personnes qu’on aime, la plus difficile des décisions c’est d’apprendre à accepter qu’on ne peut pas les aider à moins que ce soit eux qui fassent le premier pas et demande de l’aide. Dans le film, Vincent et sa mère ont vécu ensemble dans un cocon et il lui a tenu la main jusqu’à la fin. Et après il rencontre quelqu’un de similaire en la personne de Marie et il a besoin de réaliser qu’il ne peut pas l’aider. C’est la chose la plus amère, la plus triste au monde, mais au final, il prend cette décision étonnamment adulte de dire : je vais te laisser aller, en espérant que les choses s’arrangeront. Peut-être que tu vas te relever et ensuite moi je serai là.

Comment vous êtes-vous préparé pour ce rôle ?
Quand j’écrivais le scénario, je discutais avec des gens atteints par le syndrome et bien sûr, je regardais d’innombrables films. Le déclic pour l’approche corporelle et gestuelle du rôle m’est venu alors que je prenais le train de banlieue pour me rendre chez mon dentiste. Et là je me suis dit : faisons un petit tic et voyons si les gens réagissent. Ce qu’ils n’ont pas fait le moins du monde ! (rires). C’est là où j’ai réalisé qu’on a vraiment ces sortes d’impulsions en nous pour faire s’exprimer, éclater les tics, et je peux vraiment me rapporter à ça.

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